LES TEXTES, LES DESSINS ET L'AUTRE FORÊT

RÉCIPROCITÉS DANS LE LIVRE DES ARBRES

Résumé

Nous proposons une lecture du Livre des Arbres, du peuple Ticuna (1997), afin de démontrer dans quelle mesure les récits, ainsi que les dessins présents dans l'œuvre en question et les référents externes qui s'y rapportent, fournissent la connaissance des relations réciproques des peuples autochtones avec d'autres que les humains, en même temps qu'ils véhiculent des significations esthétiques innovantes, exigeant ainsi une modification de la part des lecteurs non autochtones. La lecture de textes et de dessins basés sur quelques œuvres littéraires critiques concernant les récits, mythes et orthographes indigènes, ainsi que les références fournies par les études ethnographiques sur les Ticuna, tracent des chemins insoupçonnés qui favorisent, pour le lecteur, l'apprentissage de nouvelles relations avec les arbres, les animaux, les esprits et les « animaux », révélant une autre forêt, encore méconnue des lecteurs formés à la littérature occidentale. Le rôle principal de la plante dans le monde émerge du texte, une lecture sans cesse motivante qui rencontrera des sujets animaux et spirituels, ainsi que leurs pouvoirs et la manière dont ils les utilisent dans leur vie. L'expérience esthétique du lecteur s'accompagne d'un processus épistémologique, découlant tous deux de la créativité innovante et des connaissances traditionnelles autochtones. Le texte dialogue avec des œuvres dans le domaine des études littéraires, de Maria Ines de Almeida et Sonia Queiróz (2004), et d'Amanda Machado Alves de Lima. Il dialogue avec les études ethnographiques de Priscila Faulhaber (2019, 2004), Edson T. Matarezio Filho (2019 ; 2017), Jussara Gruber (2003 ; 1994) et Eduardo Kohn (2013). Et il s'entretient occasionnellement avec le philosophe Emanuele Coccia (2018), dont les travaux révèlent de nouvelles significations de l'autre qu'humain que nous appelons plante.